Qu’est-ce, en effet, que le royaume du Christ, sinon l’ensemble des hommes qui croient en lui et auxquels il déclare : Vous n’êtes pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde ? Et pourtant, il les veut dans le monde, et c’est pourquoi il a dit au Père, à leur sujet : Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. C’est pour cela qu’ici non plus il ne dit pas : “Mon royaume n’est pas dans ce monde”, mais : n’est pas de ce monde. […]
A son royaume, le Seigneur dit en effet : Vous n’êtes pas de ce monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant du monde. Oui, ils étaient bien de ce monde quand ils n’étaient pas son royaume, quand ils appartenaient au prince de ce monde. Est donc de ce monde tout ce qui, chez les hommes, certes a été créé par le vrai Dieu, mais a été engendré de la lignée pécheresse et corrompue d’Adam. Est au contraire devenu le royaume, désormais étranger à ce monde, tout ce qui, arraché de là, s’est trouvé régénéré dans le Christ. Car c’est ainsi que Dieu nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, et nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé ; royaume dont le Christ déclare : Mon royaume n’est pas de ce monde, ou encore : Mon royaume n’est pas d’ici.
Traité de St Augustin sur l’Evangile de St Jean